Investir avec bonne conscience

Nombreux sont les investisseurs et investisseuses à vouloir utiliser leurs avoirs à bon escient. Mais comment vérifier la durabilité des fonds de placement? Entretien avec Christoph Müller, CEO de l’agence de notation Inrate.

Christoph Müller, la durabilité a-t-elle définitivement trouvé sa place dans le secteur financier?

On peut le dire, oui. La durabilité fait aujourd’hui partie de la norme dans le domaine des placements. Avec une hausse de 48%, les fonds de placement qui tiennent compte de la durabilité ont d’ailleurs connu une plus forte croissance que les fonds traditionnels en Suisse en 2020. C’est ce qu’il ressort d’une étude publiée par Swiss Sustainable Finance (SSF).

Que signifie «investir durablement» du point de vue clientèle?

Bon nombre d’investisseuses et investisseurs veulent placer leur argent dans des entreprises qui intègrent la durabilité dans leur politique commerciale: des entreprises qui minimisent autant que possible leur impact environnemental et qui encouragent un commerce équitable et respectueux. Les investissements peuvent également financer des activités durables de façon ciblée, comme la production d’énergie solaire ou éolienne. Les fonds durables regroupent des titres qui tiennent compte de ces aspects.

Mais comment savoir si un fonds répond réellement aux critères de durabilité?

Les labels garantissent de la transparence, raison pour laquelle ils sont appréciés. Dans le domaine financier, les labels jugent si les établissements qui proposent des produits durables ont défini des processus correspondants et s’ils les respectent. Néanmoins, on ne peut pas réduire la durabilité à une seule approche. C’est aussi pourquoi il existe de nombreux labels. Et aucun n’est parvenu à s’imposer aussi largement que les labels bio dans le domaine alimentaire.

«Les fonds durables Valiant mettent notamment l’accent sur la protection du climat.»
Christoph Müller

Vous concevez des produits d’investissement durables pour votre clientèle, dont Valiant fait partie. De manière générale, à quoi prêtez-vous attention dans ce processus?

D’une part, nous examinons les directives et processus internes que nos clientes et clients mettent en place en matière de produits de placement durables. D’autre part, nous évaluons également le résultat, c’est-à-dire si les investissements d’un fonds satisfont réellement à ses propres lignes directrices. Un fonds durable doit se distinguer clairement d’un fonds classique: il doit comporter une majorité d’entreprises ayant un degré de durabilité supérieur à la moyenne. La composition du portefeuille est donc déterminante.

Qu’est-ce qui caractérise les fonds stratégiques durables Valiant?

Ils reposent sur une approche globale de la durabilité. L’univers de placement durable comprend uniquement des entreprises qui ont traversé un processus de filtrage complexe. Les sociétés dont les produits et services vont à l’encontre d’un développement durable sont exclues, tout comme celles dont les pratiques commerciales sont controversées. Nous avons accordé une attention particulière au thème de la protection du climat en vue de réduire l’empreinte carbone.

Comment faites-vous pour identifier les entreprises susceptibles de faire partie d’un fonds stratégique durable?

Nous catégorisons les entreprises sur la base des critères ESG, c’est-à-dire l’environnement («environment»), le social («social») et la gestion d’entreprise («governance»). Pour procéder à cette analyse, nous nous appuyons sur les informations accessibles publiquement et les publications des entreprises, comme les rapports de durabilité et d’activité, mais aussi sur des données de tiers: les médias, les études et les statistiques.

L’économiste Christoph Müller est cofondateur et CEO d’Inrate. Cette agence de notation suisse indépendante est spécialisée dans les analyses et les données relatives à la durabilité. Elle aide sa clientèle à mettre en œuvre la durabilité dans le cadre de la gestion de fortune.