Rumeurs de changement à La Pinte

«Ah d’accord, ici aussi!» grogne Steve Bolomey alors qu’il s’approche du bancomat et voit les deux femmes enlacées, adossées au mur du bâtiment. Il l’a suffisamment vu à la télévision, et sincèrement, cela ne lui fait ni chaud ni froid. Après tout, il est ouvert sur le monde, et il ne s’en cache pas.

Lorsqu’il saisit le code, le couple est toujours là. Steve Bolomey secoue la tête et passe ses options en revue. En tant que chef du département Sécurité publique, il pourrait exiger davantage de présence policière ou une interdiction de sortie nocturne pour adolescent·e·s. «Bolomey, c’est du sérieux!», c’est bien ce qu’il a claironné sur ses affiches électorales. Toutefois, il y a fort à parier que les autres membres du conseil communal s’y opposeraient, rien qu’à cause des finances. Et dans son parti, il y a eu des frictions avec les jeunes. Ils ont la cote depuis que Noémie Aeschlimann, 22 ans, a été élue présidente locale du parti. Il mettrait ses deux mains au feu pour Noémie, une chic fille, soit dit en passant.

«Il ne manquait plus que cela!» Solde négatif. Comment va-t-il alors régler à La Pinte la tournée de café arrosé d’alcool de prune qu’il a généreusement offerte au conseil communal après la séance? Personne n’a besoin de savoir que François, le gérant de La Pinte, ne lui fait plus crédit depuis belle lurette. Bien fait pour François que son bail ne soit pas reconduit. C’est en tout cas ce que l’on insinue à la table des habitués du bistrot.

«Je peux aider?» La voix de Noémie retentit. Steve Bolomey se retourne, stupéfait, et voit l’une des femmes lui tendre un billet de cent francs. «Prends-le, Steve, tu pourras me le rendre demain à la séance du comité.» Bolomey s’empare du billet providentiel en hésitant. «Au fait», déclare encore Noémie, «je peux te présenter Béatrice? Elle est nouvelle dans la commune, mais garde-le encore pour toi: elle reprendra La Pinte en automne.»

Dans l’anecdote «Bancomat», nous racontons de petites histoires du quotidien de nos clientes et clients. «Bancomat» paraît deux fois par an dans le magazine clientèle «ValOr».