Le «Globe de la science et de l’innovation», bâtiment d’exposition à côté du CERN, qui rend la recherche accessible à toutes et à tous. (Photo: Shutterstock)

Le numéro 1 a encore du potentiel

Anita Jörg, experte en innovation, explique ce que la Suisse pourrait encore améliorer.
ValOr-30.8.2023|6min
TwitterShare on Facebook
TwitterShare on X
LinkedInShare on LinkedIn
Twitter
Copy Link
TwitterShare by Email

Anita Jörg, en tant que responsable d’exploitation chez Switzerland Innovation Park Biel/Bienne AG, vous êtes proche de l’innovation. Qu’est-ce qui fait l’inventivité de la Suisse?

Tout d’abord, la Suisse compte de nombreuses institutions scientifiques qui mènent des recherches au plus haut niveau et des entreprises qui investissent systématiquement dans le développement de nouveaux produits ou procédés. Le Global Innovation Index (indice mondial de l’innovation), qui classe la Suisse à la première place chaque année depuis 2011, honore, entre autres, cette situation initiale et les résultats considérables générés par la place de la recherche suisse: une recherche fondamentale de haut niveau et un grand nombre de demandes de brevets.

Vous pensez que ce n’est pas encore toute la vérité?

La Suisse est innovante, sans aucun doute. Cependant, de nouvelles idées, de nouveaux produits ou processus n’atteignent encore que trop rarement la clientèle. Il existe un potentiel d’amélioration dans la recherche appliquée, où l’innovation doit se traduire par des produits présents sur le marché.

Qui est concerné ici?

Dans l’ensemble, l’interaction entre les entreprises innovantes, les sociétés établies et les décideurs politiques peut être améliorée. Les offres d’encouragement destinées à réunir les start-up et l’industrie sont l’un des leviers. Elles existent, mais elles ne sont pas assez utilisées parce qu’elles impliquent des travaux administratifs ou ne sont même pas connues.

Un autre levier est celui de la politique et des milieux économiques. Ils sont appelés à soutenir l’innovation avec des ressources financières, en particulier lorsque la Suisse a de bonnes chances de se positionner avec succès. Par exemple dans le recyclage des batteries au lithium-ion. Le fait est que certaines start-up mènent leurs premiers cycles de financement en Suisse, mais émigrent ensuite à l’étranger. Une opportunité perdue!

Quel rôle joue le Parc d’innovation de Bienne dans cette structure?

Nous sommes nous-mêmes actifs dans la recherche appliquée et nous réalisons des projets en prise avec la pratique. Par exemple, avec la Haute école spécialisée bernoise, nous avons construit une batterie de seconde vie à partir d’anciennes batteries de vélo pour stocker l’électricité d’un système photovoltaïque. Nous parlons ici du département de recherche sur les technologies de batterie. En outre, nous sommes actifs dans les domaines de la technique de fabrication, la technologie de la santé et l’industrie 4.0, c’est-à-dire la production numérique. Ce sont souvent des start-up et des PME industrielles qui lancent nos projets.

Nous avons également d’autres façons de soutenir les entreprises; nous aidons à soumettre des demandes de programmes de financement ou nous proposons des locaux et des laboratoires qui peuvent être loués.

De votre point de vue, quel type d’innovation suisse a connu un succès particulier récemment?

Je n’ai pas besoin de chercher longtemps. Ici à Bienne, la start-up Stimit a développé un appareil qui entraîne le diaphragme par stimulation électromagnétique. Les patient·e·s qui doivent être ventilé·e·s artificiellement peuvent ainsi mieux se régénérer. L’un des centres de recherche du Parc d’innovation de Bienne, le Swiss HealthTech Center, a participé au développement.

Comment les PME qui n’ont pas de département de recherche peuvent-elles innover?

Une culture d’entreprise ouverte s’impose pour remettre les choses en question. En effet, les obstacles internes constituent souvent le plus gros problème: les processus sont rodés, le personnel est pleinement occupé. Personne ne trouve de temps pour faire quelque chose de différent. Cependant, les innovations ne doivent pas nécessairement venir de l’intérieur, elles peuvent aussi être déléguées à l’extérieur. L’ouverture à la nouveauté et parfois une certaine persévérance sont également nécessaires en l’occurrence.


Anita Jörg est partenaire et membre de la direction du Switzerland Innovation Park Biel/Bienne (SIPBB), l’un des six principaux sites de Switzerland Innovation en Suisse.

Cela pourrait aussi vous intéresser